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Libération

Le Brésil n'en finit plus de pleurer Senna

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publié le 24 avril 2004 à 0h20

São Paulo, de notre correspondante.

Bientôt dix ans que le Brésil a perdu Ayrton Senna. Anacleto, 53 ans, s'interrompt, s'appuie sur son balai. Sa voix se casse. «Ça fait mal de parler de lui.» Au cimetière du Morumbi, à São Paulo, la tombe du triple champion du monde de F1 (1988, 1990, 1991) est restée un lieu de pèlerinage. Par bus entiers, ses fans viennent s'y recueillir de tout le Brésil mais aussi de l'étranger, surtout d'Italie et du Japon. Anderson, 23 ans, jette une rose sur la plaque de bronze encombrée de bouquets. D'habitude, il vient le jour anniversaire de la mort du pilote, le 1er mai. «Mais là, j'ai eu un coup de saudade.» A son côté, sa mère, Maria, pleure. «Il nous manque», dit-elle.

La mort du pilote sur le circuit d'Imola, le 1er mai 1994, avait bouleversé le Brésil. «Nous le croyions immortel», dit Anderson. Un deuil national de trois jours avait été décrété. Fernanda, 50 ans, se souvient : «Le jour de ses obsèques, São Paulo, cette ville folle, était plongée dans le silence. Même les hommes pleuraient. Dix ans plus tard, nous le pleurons encore.»

«Martyr». «La plus grande idole de la nation», renchérit Istoé, l'une des revues qui lui ont consacré un cahier spécial pour ce dixième anniversaire, et qui le compare à Che Guevara. «Un martyr», pour la Veja. Au Brésil, il y a plus de lieux publics portant son nom que celui de Pelé.

Même le président Lula a rendu hommage au pilote. C'était le 20 mars, lors d'un concert qui a réuni les stars de la chanson brésilien