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Libération

«Un tour du monde entre danger et ennui»

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publié le 26 avril 2004 à 0h21

Après 59 jours de mer, Geronimo s'accroche encore à l'idée de battre le record de Bruno Peyron, sur lequel le grand trimaran est légèrement en avance. Cependant, la remontée vers la Bretagne est laborieuse, même à 17 noeuds de moyenne. Hier, Olivier de Kersauson se trouvait par 34° 37' N et 39° 20' W et attendait toujours des vents portants. Pour battre le record, il doit couper la ligne avant 9 h 54 vendredi.

Ainsi, nous aurons navigué un mois sans jamais ressentir ce moment magique où le bateau s'étire comme un animal. Comme il était écrit que tout serait douleur, voilà que notre bras de liaison nous donne du souci. De toute manière, il est impossible d'y accéder, alors on pense à autre chose. Cette dureté nous aura privés de tous les bonheurs. Soit, donc, un tour du monde entre danger et ennui. Après la furie du Pacifique, la pétole de l'Atlantique Sud, voilà le clapot de l'Atlantique Nord. Entre-temps, nous sommes remontés au près dans l'alizé avec cette impression que je prenais le train. Et j'ai horreur du train. Le bateau monte tout droit et pas une écoute ne bouge. C'est le Transsibérien dans l'alizé. Et toujours le même angle au vent, toujours la même allure. On plante dans la vague. Le verbe juste serait : piquer. Comme piquer des choux. On tape toutes les trois secondes. Soit mille deux cents fois par heure. Vingt-quatre mille fois par jour. Et ça, depuis un mois. Nous avons l'impression qu'on a monté un marteau-piqueur à bord. Ce n'est pas un tour du monde, c'est