Brest, envoyé spécial.
On attend toujours des capitaines lettrés qu'ils fassent des sonnets comme Alfred de Musset, même par 40 noeuds de nord-est comme jeudi quand Geronimo (Cap Gemini-Schneider Electric) a coupé la ligne du Jules-Verne entre Lizard et Ouessant, mais c'est vraiment beaucoup leur demander, surtout quand ils ont échappé au pire : «On a eu la sensation d'avoir été pendu par les c... pendant un mois et c'est juste comme si on venait de nous décrocher.» Ce trophée, Olivier de Kersauson le récupère après 63 jours, 13 heures et 59 minutes. Soit 18 heures de mieux que le catamaran Orange de Bruno Peyron, en 2002. Reste le record absolu accompli par Steve Fossett sur le maxicatamaran Cheyenne (58 jours et 9 heures), pas disputé dans le cadre du Jules-Verne mais néanmoins homologué par le World Sailing Speed Record Council (WSSRC).
«Ce bateau a du talent.»
Olivier de Kersauson avouait dans Libération que «l'absence de poésie dans ce Tour du monde» l'avait «navré et désespéré». Jeudi, enfin de retour d'exil maritime, Geronimo et ses onze hommes sont arrivés dans la soirée chez eux, au quai du Moulin-Blanc, plongé dans le crépuscule. La machine volante à trois pattes est enfin de retour des pays lointains : «Ce bateau ne nous a pas trahis. Il a du talent. Je ne m'explique pas comment il a tenu ! Une fois la ligne franchie, j'ai vu les hommes l'embrasser.» Kersauson l'avait affirmé : «Plus jamais nous ne partirons quand l'hiver tombe dans le Pacifique.» Il l'a redit : «Et