«Mais il n'est pas malade celui-là, c'est lui qui a gagné le critérium hier !» C'est par cette réflexion d'un contrôleur de la Sécu du Finistère, fort amoureux de la petite reine, qu'a démarré l'affaire, un lundi matin de la saison 1998. En vérifiant une liasse de prescriptions médicales, envoyées pour remboursement à la caisse primaire d'assurance maladie, il découvre cinq ordonnances de Célestène ou de Kénacort (corticoïdes), de testostérone, d'hormones de croissance, bref, toute la panoplie du parfait dopé. Certaines prescriptions ne pouvaient venir que de la médecine hospitalière.
Amateurs. Le médecin prescripteur est pourtant toujours le même, le Dr Yves Kerrest. Les «malades» ? Cinq cyclistes amateurs finistériens. Le patron de la CPAM du Finistère a pris la chose très au sérieux et, après six ans de procédures et de rebondissements, l'affaire a abouti, le 18 mars, à la condamnation définitive du Dr Yves Kerrest à un an de prison avec sursis, 7 500 euros d'amende pour «mise en danger d'autrui» et aux dépens.
C'est la première fois qu'une affaire de dopage est révélée par l'opiniâtreté d'une caisse d'assurance maladie. Son patron, Yves Le Dantec, n'est pas breton pour rien. «Au début, j'ai porté plainte au tribunal tout en alertant l'ordre des médecins. A ma grande surprise, l'ordre régional, puis national, n'a rien voulu savoir. Ils ont blanchi le médecin, soulignant qu'il avait respecté les règles déontologiques.» Yves Le Dantec subit un premier échec car sa plainte est