C'est une idée simple, de Jean-Luc Godard, amateur éclairé de tennis. Elle consistait à s'intéresser à un joueur inconnu si possible dès les qualifications, à le suivre au premier tour et à ne plus le lâcher jusqu'à une éventuelle défaite. Dès lors, son vainqueur devenait l'homme à suivre. Ce que l'auteur d'A bout de souffle avait imaginé, Libération, plus modestement, va le réaliser.
Ainsi, quel sera donc le destin du jeune Français Jérôme Haehnel, tombeur surprise de l'Américain Andre Agassi au premier tour, après être sorti vainqueur de ses trois matchs de qualification ? Jusqu'à hier, cet Alsacien de 23 ans ne connaissait le court central que pour y être venu faire le pitre avec quelques potes lorsqu'il venait travailler son tennis dans le giron de la Fédération française, et pour s'y être entraîné dimanche devant des tribunes vides. «J'avais peur de l'environnement, peur de devoir jouer cinq sets. Et j'étais à peu près sûr de ne pas tenir physiquement pendant cinq sets.» Et surtout nerveux à l'idée d'être confronté à son «joueur préféré», qu'il n'avait croisé qu'une fois, mais jamais affronté bien sûr. Tout simplement parce que Haehnel navigue depuis deux ou trois ans aux alentours de la 260e place et qu'Agassi, longtemps numéro 1 et ancien vainqueur à Paris, ne fréquente pas les tournois «futurs» et «challengers» qui sont le pain quotidien de l'Alsacien. Il s'en est longtemps contenté, ne souhaitant pas se lancer dans un programme trop ambitieux. «Comme je n'ai pas