Porto, envoyée spéciale.
Voilà quarante ans que l'Espagne n'a pas gagné l'Euro. Un bail emphytéotique qui a de quoi agacer passablement une terre de football dont les clubs savent régulièrement briller en Coupes d'Europe. Or, tout se passe comme si le pays entier entendait enfin récidiver l'exploit au Portugal voisin, le 4 juillet. Grâce au seul talent d'un remplaçant, Juan Carlos Valeron, unique objet des espérances des aficionados.
Il faut dire que c'est le milieu offensif de la Corogne qui a donné au pays ses premiers trois points. Embourbée face à l'agressivité russe dans un match nul très inconfortable, la sélection espagnole a dû son salut au joueur natif de Las Palmas dans la Grande Canarie. Entré à la 59e minute en remplacement du galactique Morientes, prêté à Monaco la saison dernière, Valeron n'a mis que 36 secondes pour marquer.
Délire. La presse ibérique s'emballe aussitôt. «Avec le sang froid d'un pur numéro 9, il a fusillé Ovchinnikov, le gardien russe, à travers une forêt de jambes», écrit, lyrique, El Mundo. En Italie, la Gazzetta dello sport, qui voit déjà l'Espagne sur la route de la Squadra azzurra, n'est pas en reste pour saluer chez le joueur espagnol «l'homme qui lève toujours la coupe de champagne». Il aura 29 ans demain.
Le délire soulevé en Espagne par le milieu offensif du Depor n'a d'égal que la modestie du remplaçant aux quarante sélections depuis 1998. L'histoire veut que ce fils d'ouvrier d'une cimenterie ait accueilli son premier salaire profession