Lisbonne, envoyée spéciale.
Au début, on se dit que c'est un réflexe. Se rapprocher du stade Jose-Alvalade de Lisbonne, l'antre où Nuno Gomes a réussi l'exploit : qualifier le Portugal pour les quarts de finale en éliminant l'Espagne. Le coeur de la capitale, autour de Campo Grande, est envahi par les voitures qui klaxonnent, drapeaux portugais agités aux fenêtres. En redescendant vers le Tage, le constat s'impose : toutes les grandes artères de la ville sont bloquées. Le pompon revenant à la gigantesque place centrale du marquis de Pombal, toute rouge et verte jusqu'au milieu de la nuit. Les jeunes grimpent sur le toit des autobus. Les chauffeurs prennent leur mal en patience. «Por-tu-gal», martèlent, hilares, des centaines de visages.
Les Portugais avaient su souffrir en silence lors de leur défaite d'entrée. Hier, ils ont enfin pu se lâcher. Et ils l'ont fait avec un exhibitionnisme et une démonstration de joie dont ils ne sont pas coutumiers. «Avec le chômage et les malheurs du monde, le peuple avait tellement besoin d'une bonne nouvelle, d'une raison d'être heureux en oubliant les soucis», s'amuse une dame entre deux âges qui observe étonnée un tel capharnaüm au demeurant très bon enfant.
De Porto à l'Algarve. En quelques heures, les rues ont changé d'accent. Les supporters espagnols, qui tenaient le haut du pavé de la ville basse et du Rossio près du Tage tout l'après-midi, chantant à tue-tête «viva España», se sont comme volatilisés. La foule lisboète les a remplacés.
Dan