Menu
Libération

Ce soir, Othello a rendez-vous avec Apollon

Article réservé aux abonnés
Demi-finale. Favoris ce soir, les Tchèques se montreront-ils encore assez patients pour terrasser la Grèce ?
publié le 1er juillet 2004 à 1h17

Porto, envoyé spécial.

La demi-finale de l'Euro, ce soir à Porto, figure un peu l'éternel combat de l'esthétisme contre le lyrisme. D'un côté, la République tchèque, en démonstration depuis le début de la compétition, affiche une fluidité collective absente des tournois internationaux depuis des lustres. Karel Brückner, son entraîneur slovaque lettré, explique la patience d'ange dont font preuve ses protégés avant d'estourbir l'adversaire (8 buts sur 10 inscrits en seconde mi-temps) : «Othello n'étrangle pas complètement Desdémone dès le premier acte.» De l'autre, la Grèce, l'équipe la plus âgée de la compétition. Des types habitués à collectionner les peignées, jusqu'à ce qu'ils soient pris en main par un coach allemand, Otto Rehhagel, dont la phrase préférée est au foot ce que le premier commandement est aux neuf autres : «Il y a les matchs que l'on perd, et ceux que l'adversaire gagne.»

Il existe une adéquation quelque peu miraculeuse entre Rehhagel et ses hommes. Après trois ans passés aux commandes de la sélection, ce fils de mineur, qui se destinait à être peintre en bâtiment, ne parle toujours pas le moindre mot de grec : depuis l'Allemagne, on soupçonne son adjoint, Ioannis Topalidis, d'expurger au maximum les philippiques du boss à l'endroit des joueurs. A son arrivée, le premier geste de Rehhagel a été de tracer un périmètre de sécurité entre son équipe et un championnat local ruiné par la baisse des droits télé et gangrené par la violence (1) . Le natif d'Essen (Ruh