Professeur de sport et entraîneur, Antoine Vayer, 41 ans, dirige AlternatiV, une cellule de recherche sur la performance à Laval (Mayenne). Premier portrait d'une trilogie : le rouleur.
Il existe une catégorie principale de coureurs : les menteurs. Elle est composée de trois castes à la menterie différente : les rouleurs, les sprinteurs, les grimpeurs. La corrélation entre leurs morphotypes apparents, leurs qualités intrinsèques et leur personnalité est de plus en plus exacerbée dans le cyclisme moderne. Mais des cas spectaculaires de combinaisons et mutations presque génétiques apparaissent depuis une bonne décennie. Certains changent d'aspect externe, d'homéostasie (stabilisation des différentes constantes physiologiques) en interne, de muscles, d'os, et deviennent inclassables. Ce sont les leaders actuels susceptibles de gagner le Tour. Pour le début de la Grande Boucle et le contre-la-montre par équipe, ils se sont attachés au prix fort les services de rouleurs patentés. Placides, rigoureux, besogneux, dociles, tâcherons diront certains, les «roule toujours», les «bouche-trous» sont là pour baisser la tête dans le guidon. Ils sont comme le red neck («cou rouge») texan courbé vers la terre sèche sous le soleil. Ils sont payés pour écraser les pédales en effaçant les points morts haut et bas du pédalage, pour protéger du vent contraire et tirer celui qui doit gagner. Ils saisissent parfois leur chance dans les longues fugues ou bien lors des contre-la-montre. Le rouleur est