Quimper, envoyé spécial.
Le Tour a mouillé deux jours dans le dernier grand pays de la foi cycliste qui, malgré le torrent des affaires, ne l'a jamais abandonnée. C'est beau. L'apostasie cycliste est définitivement chose inconnue en Bretagne. On a une religion : on s'y tient. La Bretagne n'a plus de grands saints en activité surtout depuis que saint Hinault s'est lancé dans l'implantation de la race charolaise, et avec certain succès selon le bulletin paroissial du Tour de France.
Clarinette. Au fond qu'importe, puisque la Bretagne béatifie à tour de bras en passant outre l'avis du Vatican. Des exemples ? Le samedi, c'est Filippo Pozzato (Fassa Bortolo) qui gagne à Saint-Brieuc dans un final lors duquel les Briochins s'étaient entassés les uns sur les autres pour voir passer la course. Le dimanche, la Bretagne ouvrait sa chapelle cornouaillaise qui fuit de partout au dieu norvégien Thor Hushovd (Crédit agricole). Ce dernier, en costaud, remporte l'étape la plus courte (168 km), entre Lamballe et Quimper, les Finistériens s'étant huchés sur les Costarmoricains dans une pyramide humaine digne des plus grands cirques. Soit donc un catholique romain (Pozzato) le samedi et un luthérien perpignanais (Hushovd), le dimanche. A quand un presbytérien à Guéret ? Un épiscopalien à Saint-Flour ? Tout cela pour dire qu'en huit étapes le Tour a vu sept nationalités différentes l'emporter. Le Tour défend cette idée que nous descendons tous d'Abraham à l'exception de Lance Armstrong (toujours