Menu
Libération

Menacé de mort pour un coup de sifflet

Article réservé aux abonnés
publié le 12 juillet 2004 à 1h25

Würenlos, de notre envoyé spécial.

Ce fut comme un tremblement de terre, une bouffée d'effroi qui a saisi les habitants de Würenlos. De la folie de ces derniers jours, la boulangère en est toujours sous le choc. Les photos de la fanfare de ce village situé à une demi-heure de Zürich sont toujours accrochées au restaurant Am Bach, images paisibles d'une Suisse rurale, mais personne n'a oublié le vent mauvais qui a soufflé en provenance d'Angleterre. Pourtant, ce bourg où plane l'ennui le long de l'unique artère, la Langstrasse, se réjouissait de l'Euro et de son champion, Urs Meier. Propriétaire d'un magasin d'électroménager et de barbecues situé en face du solarium Lucky Sun, Urs Meier est une célébrité locale. Visage avenant et physique de sportif, il avait arbitré des matchs lors des deux dernières Coupes du monde, dont l'historique Etats-Unis - Iran.

Manipulation. Reconnu en 2001 et 2002 comme l'un des meilleurs arbitres du monde par des jurys spécialisés, Urs Meier pensait à sa retraite imminente des stades : «J'ai 45 ans. C'est la limite d'âge pour les arbitres internationaux. Je voulais faire une fête avec mes amis pour terminer ma carrière après l'Euro 2004.» Mais Urs Meier n'imaginait pas que le foot pouvait rendre les gens fous, que le surmoi déçu d'une nation manipulée par des médias sans scrupule allait le transformer en homme traqué, harcelé en permanence ainsi que ses proches et ses enfants, et même menacé de mort. Ce maudit match du 24 juin, Meier ne cesse de le