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Libération

Les sprinteurs, des «éjaculateurs brutaux»

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Professeur de sport et entraîneur, Antoine Vayer, 41 ans, dirige AlternatiV, une cellule de recherche sur la performance, à Laval (Mayenne). Durant le Tour, il est chroniqueur pour «Libération». Deuxième portrait d'une trilogie : le sprinteur.
publié le 13 juillet 2004 à 1h25

«Fainéants !» L'injure suprême pour les coureurs. L'offense hérisserait leurs poils de jambes s'ils ne se les rasaient pas. L'épilation s'explique. Les embrocations de massage le soir pénètrent mieux, l'esthétique est meilleure. Mais c'est surtout pour des raisons de prévention d'hygiène sur les brûlures occasionnées par les chutes. Parmi les coursiers, certains, couverts de stigmates de plaies, composent une véritable caste et méritent l'offense de fainéantise. Ce sont les sprinteurs. Nerveux, sanguins, impétueux et extravertis, ce sont les derniers levés le matin mais les premiers à lever les bras sous la banderole d'arrivée. Ils avaient du mal avant l'ère EPO & Co. à «passer un pont de chemin de fer» à cause de leurs masses musculaires proéminentes. Ce sont ceux qui ont les plus grosses car il faut être «sévèrement burné» et inconscient pour sprinter à près de 70 km/h en dragstant 2 000 watts de puissance ­ genre super micro-ondes ­ à la force du jarret sur les 200 derniers mètres. Un sprint se gagne avec les épaules pour «frotter» et se positionner ; avec les bras pour écarter ceux qui vous empêchent de vous placer dans le sillage aspirant de la meilleure gâchette du moment ; avec les couilles enfin pour oser pénétrer le fin boyau de sa roue, avant de la jeter avec ses tripes sur la ligne. C'est une éjaculation brutale qui conclut des préliminaires de cinq heures sur plus de 200 kilomètres. Le cerveau gauche «scientifique», analytique et rationnel sert peu. C'est le droi