Professeur de sport et entraîneur, Antoine Vayer, 41 ans, dirige AlternatiV, une cellule de recherche sur la performance, à Laval (Mayenne). Durant le Tour, il est chroniqueur pour «Libération». Dernier portrait d'une trilogie avant les premiers bilans chiffrés et commentés : le grimpeur.
«Il faudrait un policier derrière chaque coureur pour les surveiller.» Cette phrase maintes fois prononcée par les avertis qui savent la fiabilité et l'utilité «masquante» des contrôles «antidopage» pendant la course est une évidence pour une catégorie de coureurs distincts : les grimpeurs. Ils représentent le mythe. Armstrong prétend que c'est le dopage qui est un mythe. Les purs grimpeurs sont les plus gros croqueurs de friandises illégales. Ces «poids coqs», très hispano-américains en 2004, se hissent en effet plus facilement au-dessus des lois que les autres quand ils s'envoient en l'air. Maître Collard, avocat de Virenque, affirmait qu'un vrai grimpeur n'a pas besoin de se doper. Richard mentait mieux que Lance. La pesanteur de la légende du dieu des cimes sans doute. Là où l'air vicié est raréfié à plus de 1 500 mètres d'altitude le noumène est fait de gloire. Les VIP sont invités sur les étapes de montagne. Spectateurs privilégiés des «hautes souffrances», ils survolent benoîtement en hélico la concupiscence du grimpeur, son avidité à dompter les cimes, sa propension à très vite se mal élever. Ils pensent : «C'est normal qu'ils se dopent pour faire tant d'efforts.» Ces VIP logés e