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Libération

La Chine perd et dérape

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publié le 9 août 2004 à 1h42

Pékin, de notre correspondant.

Il ne faisait pas bon être japonais, samedi soir à Pékin. La finale de la Coupe d'Asie de foot, opposant, au stade des Ouvriers de la capitale, la Chine au Japon, était vécue par avance comme une revanche de la guerre sino-japonaise et des massacres des années 30 par une partie du public chinois. La victoire du Japon, 3-1, à l'issue d'un match entaché par un arbitrage contestable, n'a pas arrangé les choses. Les unités antiémeutes de la police ont dû disperser une foule survoltée qui brûlait des drapeaux de l'«ennemi» et voulait s'en prendre à un bus de supporters japonais.

Nationaliste. Tant parmi les 60 000 spectateurs du stade plein à craquer, que dans les bars pékinois qui avaient installé des écrans géants, les insultes ont fusé en direction de l'empire du Soleil levant. «Sha Bi, Sha Bi» (connards) était le slogan de la soirée pour de nombreux supporters chinois, drapeau rouge aux cinq étoiles jaunes peint sur le visage ou brandi fièrement en l'air. Dans un café proche du stade, il y avait même un véritable «pro» pour lancer les slogans injurieux, repris en choeur par les consommateurs, dans une ambiance plus digne de la Révolution culturelle que d'une finale sportive.

Ce climat nationaliste pas très sain tient beaucoup, évidemment, au poids de l'histoire entre les deux pays, qui n'ont pas connu la réconciliation et la pédagogie d'un rapprochement, comme la France et l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Certains fans étaient venus au