Romancière, essayiste, traductrice et journaliste, Soti Triantafillou, 46 ans, livre sa vision d'Athénienne pendant la durée des Jeux olympiques.
Tout en Grèce est matière à tragédies : nous sommes enclins à des dépressions sévères ; une vaporisation de Prozac, en quantité overdose, nous est sans doute indispensable. Une affaire de doping comme celle de Kenteris-Thanou suffit à déclencher la flagellation collective. Admettons-le : on se croit futés et amateurs de magouilles, mais nos tromperies sont un tout petit peu balourdes. Le dopage, c'est une condition sine qua non de l'athlétisme professionnel ; les pays ex-«socialistes» pompaient les athlètes au point de les faire éclater ; les Américains aussi. Systématiquement et sans scrupule. Partout dans le monde, on fabrique des monstres : les champions ne sont que les produits de Frankenstein. Cette fois, c'est les Grecs qui se sont coincés, faute d'élégance. C'est vrai, l'élégance n'est pas notre spécialité. Pourtant, le doping ainsi que cette histoire plutôt cocasse de l'accident routier de Kenteris-Thanou qui risque d'enlever au moins deux médailles à la Grèce n'est qu'un fait divers dans le tourbillon des Jeux. Les médias internationaux, aveuglés par leur métropolitisme, passent sous silence le côté presque impeccable de l'organisation, l'absence totale du kitsch et du patriotisme rudimentaire (qui était, sans doute, prévu) et insistent sur ce «drame» qui prend des dimensions disproportionnées. Peut-être qu'on devie