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Libération
Portrait

La diagonale du cavalier

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publié le 21 août 2004 à 1h50

Phalempin (Nord) envoyé spécial

Et Nelson Pessoa lui a frappé dans le dos. Ça s'est passé le 25 avril, à Milan, jour où Bruno Broucqsault, sur Dilème de Cèphe, est devenu le premier Français à gagner la Coupe du monde de saut d'obstacles, mieux que Pierre Durand et Jappeloup du temps de leur splendeur. C'est un fils d'ouvrier nordiste issu d'une famille de neuf enfants (dont sept filles), titulaire d'un CAP de chauffagiste, qui a fait sauter le verrou. Alors, même Pessoa, la légende brésilienne de l'équitation, s'est laissé aller. Comme les dynasties qui règnent sur ce sport depuis des décennies, les Beerbaum et autres Whitaker, qui n'ont même pas ­ fait unique ­ attendu la cérémonie protocolaire pour applaudir le héros. «Fantastique. Ils m'ont dit que j'avais remué tous les pays. Ce cheval, je l'ai fait moi-même.»

Turbin. Ce bonhomme de 42 ans, qui débutera dimanche les éliminatoires du saut d'obstacles, reçoit volontiers dans son centre équestre de Phalempin (à une dizaine de kilomètres au sud de Lille), remplit le verre de son interlocuteur avec empressement et dit des trucs comme «j'ai pris ma fourche, mon balai, ma brouette», pour expliquer qu'il s'est mis au turbin. La reconnaissance de ses pairs étrangers le bouleverse. Les autres, «ceux qui te disent bonjour sans forcément te dire bonjour, ça ne [lui] fait ni chaud, ni froid».

La Fédération française d'équitation, qui ne l'a mis sous contrat olympique qu'en 2004 (150 000 euros par an, à répartir entre le cavalier et le