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Libération
Portrait

Maria Mutola, madone du Mozambique

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publié le 23 août 2004 à 1h51

Johannesburg,

Maputo envoyé spécial

Une rue et un stade portent déjà son nom. Un jour, si elle le veut, elle sera ministre. Parce qu'elle est l'unique championne d'un pays comptant parmi les plus pauvres de la planète, ravagé par une guerre civile à la comptabilité terrifiante ­ plus d'un million de morts ­, son aura et son impact y sont encore plus forts que ceux d'un Gebreselassie en Ethiopie ou d'un El-Guerrouj au Maroc. Le Mozambique a trouvé son icône en Maria de Lurdes Mutola, reine incontestée du 800 mètres. Ce soir, elle disputera à 31 ans sa troisième finale des JO, après avoir remporté le bronze à Atlanta et l'or à Sydney. Elle a été six fois championne du monde en salle, trois fois en plein air et ses victoires en meeting sont innombrables.

Si on veut comprendre son envie de durer, il faut aller sur les pistes sablonneuses du bairro Chamanculo, le plus grand bidonville de Lourenço Marques (le nom colonial de Maputo), conforme au genre, parcouru de ruisseaux noirs, gorgés d'immondices. Maria, fille de João Mutola, employé des chemins de fer, et de Catarina, mère au foyer, est née Rua de Goa. Avant d'être une coureuse d'exception, «Lurdinha», comme la surnomment ses compatriotes, a tapé la balle avec des garçons, au coeur de Chamanculo, sur le terrain de Cape-Cape, doté aujourd'hui de quelques gradins et de grilles protectrices, financés en partie par sa fondation d'aide aux sportifs. Tout en chassant des hordes de gamins déchaînés, le gardien évoque «la dribbleuse fan