Romancière, essayiste, traductrice et journaliste, Soti Triantafillou, 46 ans, livre sa vision d'Athénienne pendant
la durée des Jeux olympiques.
Début septembre, même dans Athènes suffocant, la forme de l'air change ; la lumière aussi. Les touristes, qui nous croient une nation de serveurs (pas entièrement faux), croient aussi qu'on supporte mal la solitude (entièrement faux) : l'hospitalité grecque n'est qu'un mythe. Les Grecs sont légèrement xénophobes.
Septembre, où l'on se trouve seuls dans un terrain neutre du temps, est le mois le plus riche en événements : après la torpeur d'août, c'est la surexcitation ; la rentrée ! Sauf que pour rentrer, il faut d'abord être parti. Cette année, puisque les gradins ne se sont pas écroulés, puisqu'il n'y a pas eu d'assaut terroriste et que M. Colin Powell a changé d'avis (finalement, il n'a pas débarqué), on se jette, soulagés, à la fête post et paraolympique. On est sains et saufs choyés par une flicaille discrète, enjouée, et plutôt beaux garçons , les travaux publics sont à nous et le temps restera suave jusqu'à mi-octobre. Tout en attendant la douloureuse qui arrive sournoisement par les augmentations des prix (tabac, alcool, pétrole, péages), ainsi que par quelques sous-entendus gouvernementaux à l'air insouciant et allègre : dis donc, qu'est-ce qu'on a pu dépenser ! , on peut enfin se payer des vacances. La moitié des fonctionnaires partent maintenant, car ils s'étaient théoriquement engagés dans l'entreprise des Jeux.
O