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Libération

Assez de grécité pour cet été

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par Soti TRIANTAFILLOU
publié le 30 août 2004 à 1h56

Romancière, essayiste, traductrice et journaliste, Soti Triantafillou, 46 ans, livre sa vision d'Athénienne pendant

la durée des Jeux olympiques.

Début septembre, même dans Athènes suffocant, la forme de l'air change ; la lumière aussi. Les touristes, qui nous croient une nation de serveurs (pas entièrement faux), croient aussi qu'on supporte mal la solitude (entièrement faux) : l'hospitalité grecque n'est qu'un mythe. Les Grecs sont légèrement xénophobes.

Septembre, où l'on se trouve seuls dans un terrain neutre du temps, est le mois le plus riche en événements : après la torpeur d'août, c'est la surexcitation ; la rentrée ! Sauf que pour rentrer, il faut d'abord être parti. Cette année, puisque les gradins ne se sont pas écroulés, puisqu'il n'y a pas eu d'assaut terroriste et que M. Colin Powell a changé d'avis (finalement, il n'a pas débarqué), on se jette, soulagés, à la fête post et paraolympique. On est sains et saufs ­ choyés par une flicaille discrète, enjouée, et plutôt beaux garçons ­, les travaux publics sont à nous et le temps restera suave jusqu'à mi-octobre. Tout en attendant la douloureuse ­ qui arrive sournoisement par les augmentations des prix (tabac, alcool, pétrole, péages), ainsi que par quelques sous-entendus gouvernementaux à l'air insouciant et allègre : dis donc, qu'est-ce qu'on a pu dépenser ! ­, on peut enfin se payer des vacances. La moitié des fonctionnaires partent maintenant, car ils s'étaient ­ théoriquement ­ engagés dans l'entreprise des Jeux.

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