Mademoiselle Quéméré, de Quimper, a été à la hauteur du devoir qu'elle s'était imposé : traverser l'Atlantique Nord à la rame en moins de quatre-vingt-dix jours. Pour les détails, il faudra attendre demain, quand elle accostera enfin à Douarnenez (Finistère) pour livrer les souvenirs les plus saisissants de sa «traversée éprouvante», comme elle l'a qualifiée. Lundi, elle a enfin franchi la ligne cap Lizard-Ouessant, cette même ligne homologuée pour les traversées océaniques à la voile. Anne Quéméré était partie de cap Cod (Etats-Unis) le 3 juin.
«Il y a des dingues partout.» Il convient de posséder une passion immodérée pour la haute mer avant de se lancer dans un défi étourdissant qui chavire ceux qui n'ont pas le pied marin. Car on ne rame pas pendant 87 jours et 12 heures sans se questionner sur sa nature impudente. «Je me disais qu'il y a des dingues partout», confiait-elle en s'amusant d'elle-même, peu de temps avant son départ. Ne nous trompons pas : Anne Quéméré est d'un tempérament froid. Elle donnait de la société d'aujourd'hui un portrait assez peu avantageux, où les héros se trouveraient sous les sabots d'un cheval : «On n'impose pas au public ses grands hommes, celui-ci doit être libre de choisir. Je ne suis pas en train d'expliquer que je suis quelqu'un de bien. Peut-être qu'au fond je me suis trompée d'époque ?»
Mademoiselle rame naturellement, comme Mme de Sévigné écrivait, étant entendu que la Finistérienne avait déjà traversé l'Atlantique Sud en 2002-2003. On