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Libération

Astillero, bravo et merci

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Un Cebada Gago combatif et mobile a triomphé samedi à Arles lors de la corrida concours.
publié le 16 septembre 2004 à 2h10

Arles envoyé spécial

Faute de pouvoir comme nous autres se gratter la tête, le toro gratte le sol. Selon l'anthropomorphisme, peut-être illusoire, qui tente d'éclairer son comportement, il signifierait par là son indécision. Donc Papalino, toro de Miura, s'est demandé longtemps si ça valait vraiment la peine d'aller pour la troisième fois se faire faire des misères par le sieur Gonzalez, profession picador. Il ira, mais à contrecoeur.

Samedi à Arles, pour la corrida concours, les greffiers de la bravoure ont donc pointé en sa défaveur cette tergiversation. Ils ont peut-être aussi noté qu'Astillero, toro noir et blanc de Cebada Gago, a un peu hésité à attaquer la muleta de Luis Miguel Encabo à l'entrée de la troisième série de derechazos. C'était juste une ombre d'hésitation. Il fallait cette infime réticence. Elle a donné une des définitions de la bravoure que la corrida concours cherche à préciser selon mille observations. La bravoure est une insurrection, elle va à contre-terrain, au-delà du contrecoeur. Astillero a donc repris ses attaques. De la même façon il a, signe de petits passages à vide, ouvert la bouche après la deuxième paire de banderilles pour ensuite, parce que sa belle race permettait de surmonter ce petit découragement, la refermer aussi sec et repartir au charbon de plus belle.

Honorable. L'expression «de plus belle» serait aussi une bonne illustration de la bravoure, celle qui embrase l'aficionado, parce qu'à l'inverse du toro manso le toro bravo brûle sa vi