Samedi, Jean-Christophe Lafaille, 38 ans, a réussi la première ascension hivernale en solitaire de la face sud du Shishapangma (8 046 m), au Tibet (Libération du 13 décembre). Joint par téléphone à son retour à Katmandou (Népal), il revient sur cet exploit, alors qu'il ne lui reste plus que trois sommets de plus de 8 000 m à gravir.
Vous êtes descendu de votre petit nuage ?
J'ai vécu cette ascension à la fois pleinement et naturellement. Je n'ai pas eu de gros problème et je suis revenu plutôt normalement en forme. Depuis les années 90, je me suis mis à grimper tout seul et en hiver. Le Shishapangma était la suite logique de ce que je faisais déjà dans les Alpes. Je l'avais déjà tenté à la fin de l'automne 1996, mais il y avait trop de neige et les conditions étaient dangereuses.
Pourquoi le Shishapangma ?
C'est un sommet stratégique. La paroi correspond à une ascension en solitaire. La hauteur de la face, sa technicité et sa marche d'approche sont intéressantes. C'est une montagne assez facile d'accès par rapport à d'autres au Népal. Elle est belle à grimper et pas trop dangereuse tout seul.
Vous êtes-vous longuement préparé ?
J'ai fait une expédition au printemps dans un endroit très sauvage, sur le versant tibétain du Makalu. Et, depuis mon retour fin mai, je n'ai pas arrêté de me préparer physiquement et mentalement.
Avez-vous douté de réussir ?
Je doute toujours. Cette expédition comportait beaucoup d'inconnues : ma résistance à des températures inférieures à 30 °C, la capaci