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Libération
Critique

36 étoiles pour un ring

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publié le 23 décembre 2004 à 3h36

La boxe a toujours exercé une forte fascination éditoriale. Disséquée sous tous les angles, biographique, historique, iconographique ou romanesque. Didier Elbaze entre dans la catégorie «passionné de chez passionné», collectionneur avisé et dirigeant éclairé, président de la section boxe du club du Red Star de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). C'est donc tout logiquement, bien qu'après des années de travail et de patientes recherches, qu'il publie ­ à compte d'auteur ­ Deux Poings pour une étoile, inventaire exhaustif des boxeurs juifs ayant décroché un titre de champion du monde.

Héraut. En Europe, berceau du pugilisme, et aux Etats-Unis, mère patrie des horions codifiés entre les cordes, la boxe fut longtemps un sport de ghetto, de minorités par excellence. Le cogneur est le héraut de toute une communauté souvent maltraitée : Noirs, Italiens, Irlandais... ne montaient jamais seuls sur un ring. Il en fut ainsi des Juifs champions du monde : 36 dont 5 Français. Trouvant ainsi une jolie échappatoire sociale. Didier Elbaze explore avec minutie cette étoile à 36 branches, racontant 36 histoires, dont aucune n'est finalement semblable à l'autre. Presque toutes finissent assez mal, sans aller toutefois aussi loin dans la tragédie que celle du gentil Victor «Young» Perez. Juif tunisien boxant français, Perez fut à 20 ans un grand champion du monde des poids mouche, en 1931 et 1932. Jusqu'en 1938, il fut l'une des grandes attractions du Vél d'Hiv. Arrêté par la police française en 194