Ce petit bout de femme souriante a choisi d'aller au bout de ses décisions. Faire un tour du monde et voir le Pacifique, cet océan qu'elle ne connaît pas. Karen Leibovici aura accompli cette résolution incroyable au début de cette nouvelle année, cahotée entre coups de vent déstabilisants et pétoles désarmantes quelque part au sud du continent australien, sur Benefic, un bateau bien plus expérimenté qu'elle. Dans la flotte du Vendée Globe, c'est elle qui ferme la marche à une quinzième place qui ne la dérange pas vraiment. Loin, très loin, 5 400 milles derrière Jean Le Cam. Presque un océan. «Je ne sais pas trop où je suis», avouait la jeune femme de 33 ans la veille d'un réveillon qu'elle a passé à inspecter Benefic après les divers coups de vent reçus.
Surnommé le «cigare rouge» pour sa forme très allongée comparé aux autres monocoques, le bateau déniché par Karen connaît le chemin. En 1993, avec Jean-Luc Van Den Heede, ce 60 pieds avait terminé deuxième de la course. VDH, c'est aussi le parrain de cette expédition, celui avec lequel elle a fait ses classes, étudié la météo, avalant des tonnes de recommandations avisées. Car Karen est avide de conseils. Graphiste de formation, elle avait bien fait de la voile avec ses parents. Lorsqu'on naît à La Rochelle, rien de plus normal. Mais la jeune fille n'accrochait pas trop à la croisière.
Déclics. «Je me faisais chier en mer», dit-elle. Puis plusieurs déclics on fait d'elle un skipper déterminé. Un stage de voile, puis un brevet