Les experts de la lutte antidopage vont peut-être devoir retourner au champ. «Suivez le boeuf !» semble leur lancer Alain Paris, un chercheur de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) à Toulouse, qui travaille depuis dix ans sur les bovins traités aux hormones. Sa contribution, lors du colloque organisé jeudi à l'Unesco par le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD), a en effet ouvert de nouvelles perspectives. Le chercheur ne connaissait pourtant rien au dopage. Mais la méthode qu'il a mise au point pour détecter les anabolisants dans la viande bovine, en vue d'améliorer la répression des fraudes, pourrait révolutionner l'approche sportive du dopage.
Son idée ? Etablir une «signature biologique du dopage» pour chaque grande famille de produits, de l'hormone de croissance aux anabolisants, en passant par les transporteurs d'oxygène comme l'EPO ou les corticoïdes. Il s'agit non plus de mettre en évidence la substance dopante elle-même, mais ses effets biologiques. Les méthodes directes de détection sont en effet longues et coûteuses. Pour la fameuse EPO, cela a pris dix ans. Alain Paris veut au contraire identifier les seules conséquences métaboliques dans l'organisme de la prise de ces substances. L'intérêt ? La fenêtre de détection est considérablement rallongée, améliorant ainsi l'efficacité des contrôles. Une hormone de croissance de synthèse par exemple ne reste que vingt minutes dans l'organisme. Mais ses conséquences métaboliques sont,