Le trimaran Geronimo, engagé dans l'Oryx Quest, le tour du monde en équipages Doha-Doha, a repris la mer jeudi dernier, après un arrêt de 50 heures à Fremantle (Australie) pour y effectuer la réparation du bras tribord, gravement abîmé par un choc violent dans l'entrée de l'océan Indien. Olivier de Kersauson, le skipper de Geronimo, livre son carnet de bord à Libération.
«Courir peut sembler aujourd'hui dérisoire quand les premiers possèdent 3 000 milles d'avance. J'ai la faiblesse de croire qu'il n'est jamais dérisoire de s'appliquer. Comme d'aller au bout de ses idées. Spontanément, alors que j'étais abattu, les hommes ont affirmé qu'il fallait repartir pour ce bateau et pour la beauté notre métier, pour lequel chacun, ici, a toujours donné le meilleur de lui-même. J'entends, bien sûr, ce qu'on va m'opposer : mais essayer quoi ? Evidemment, il y a des heures où tout cela n'a pas de sens. Nous ne pourrons jamais corriger la copie salopée par la casse. Dire que le destin nous fait prisonniers ne me console pas. Mais les hommes savent aussi que la mer est pleine de surprises : on peut se rapprocher. Un peu. Ou tomber dans des systèmes météo qui vont encore plus nous éloigner de la tête de la flotte. Tout est possible. Y compris le pire. Et pourquoi pas le meilleur ? Car ce bateau vit pour courir. Notre boulot, c'est d'essayer d'être nous-mêmes malgré les emmerdements et cette foutue loi des probabilités qui nous accable. Quand on regarde les avances colossales de nos rivaux, q