Dimanche, à 8 h 45, les pavés historiques de l'avenue des Champs-Elysées vont se réveiller au son de 70 000 chaussures de sport de marathoniens. Caméras télévisuelles oblige, de ce flot humain émergeront, tenus à la main, des drapeaux basques, bretons, des banderoles de déclaration d'amour, de bonjour à la famille, de blagues entre amis... Mais avant d'atteindre la place de la Concorde, tout ce barda de libre expression aura été jeté sur les bas côtés. Fini de rire, il faut partir léger pour affronter 42,195 kilomètres. Ne flotteront plus au-dessus des concurrents du marathon de Paris que vingt-quatre ballons quatre rouges, quatre jaunes, quatre bleus, quatre violets, quatre verts et quatre roses. En dessous, les «meneurs d'allure», des athlètes «programmés» pour courir en un temps déterminé.
L'idée trottait depuis une vingtaine d'années dans la tête de Dominique Chauvelier, quadruple champion de France du marathon et l'un des pionniers du running dans l'Hexagone. «En 1980, avec Bernard Faure (autre précurseur du marathon hexagonal, ndlr), on s'est demandé pourquoi les lièvres étaient réservés à l'élite. Ce sont ceux qui sont derrière qui en ont le plus besoin. Surtout qu'à cette époque-là, faire un marathon, sans les magazines spécialisés pour donner des conseils, c'était partir dans l'inconnu. Les coureurs se surestimaient, démarraient trop vite et galéraient à la fin.» Le concept ne prendra corps qu'en 1999, suite à une discussion avec Joël Lainé, le directeur du maratho