Séville envoyé spécial
Samedi matin, un accordéoniste roumain interprète Charles Trenet, rue des Serpents: «Que reste-t-il de nos amours...» Pur hasard, il ne sait sûrement pas que Manzanares «le Vieux» torée ici en fin d'après-midi et que Séville et lui s'aiment. Séville depuis longtemps affectionne le classicisme de Manzanares, l'épure de son style, sa façon d'être torero en toute circonstance. La Maestranza, qui se veut le temple du bon goût et des principes, adore ce type qui fait dans l'archétype mais n'a jamais vraiment triomphé sous ses quarante arcs.
Elle le lui pardonne même d'être né à Alicante et non pas dans le quartier sévillan de Triana, où sa fatuité affirme qu'il aurait mérité de voir le jour. Comme beaucoup de toreros, Manzanares a cessé de toréer puis y est revenu. Rien d'anormal. Les toreros sont comme les montres. Ils s'arrêtent, on les secoue un peu, voire pas du tout, ils repartent, on ne sait trop pourquoi.
Olé rauques. Samedi, Corneta, premier adversaire de Manzanares père, qui torée ce jour-là avec son fils, s'est vite arrêté et n'est jamais reparti. Les toros sont rarement des montres, même si devant eux on fait la passe du pendule. Comme les autres toros d'Alcurrucen, et les deux remplaçants de Bohorquez, tous mansos, sans castes, faibles, Corneta était un Jean-foutre. Le toro jean-foutre ne se concentre pas, charge à moitié, freine et stoppe au milieu de la passe, regarde les blondes dans les gradins, prend, sans se livrer à fond, une passe, file se