«C'est dans la tête...», entend-on souvent pour expliquer une défaite. Derrière le cliché, il y a des réalités psychologiques que détaille pour Libération, Mélanie Maillard, psychologue clinicienne, responsable du département psychologie du sport à l'organisme Trans-Faire, et intervient notamment auprès de la Fédération française de tennis (FFT).
La peur de gagner, cela existe ?
Oui. Le joueur est dans une situation confortable, domine son sujet, pour lui tout est facile. Et puis, tout s'écroule, son tennis n'est plus opérationnel. On est un peu comme face à un acte manqué, un lapsus qui dure... La peur de gagner entraîne des comportements inexplicables : il recule quand il devrait avancer, retient son bras quand il devrait le lâcher, fait les mauvais choix... Quand on en discute, le joueur ne comprend pas : il est convaincu d'avoir fait son possible alors qu'on a l'impression qu'il a tout fait pour perdre.
Qu'est-ce qui se passe ?
Probablement que le joueur se projette déjà dans la victoire, dans l'avenir. Il anticipe inconsciemment ce que son succès va impliquer sur sa propre identité. Il y a alors conflit et décalage entre la tête et le corps, qui lui exige encore des commandes immédiates puisque le match n'est pas terminé. Plus la pensée que la victoire va provoquer un changement identitaire fort et plus le bug est puissant. Exemple, la finale masculine l'an dernier : Coria est en passe de devenir le premier Argentin à remporter Roland-Garros depuis Vilas. Il est à quelques