Walk-over, forfait. Hier, c'était le titre de la pièce situationniste «ne se jouant que le temps d'un énoncé» qui ne s'est donc pas jouée sur le court n° 1, puisque le Russe Dmitry Tursunov avait le genou gauche comme une patate. L'Argentin Gaston Gaudio, 26 ans, tenant du titre, accède donc au troisième tour. Gaudio, c'était un sourire, lâché l'an passé en plein climax de la finale. Gaudio, c'est le meilleur revers à une main du circuit, le symbole vivant que Roland-Garros se gagne contre nature. Gaudio, c'est aussi aujourd'hui le lapin fusillé par les phares d'un véhicule. «Moi, je rentre sur le court pour jouer un match normal. Mais tout le monde se met à me poser des questions et cela finit par me rendre nerveux.»
Ces jours-ci, il se pointe avec un blouson aux couleurs de l'Uruguay. «C'est juste un blouson que je porte.» Personne n'a jamais mis la main sur Gaudio. Sauf peut-être son psychologue, Pablo Pecora, qui traîne porte d'Auteuil. L'an passé, pendant la finale, son père arpentait en voiture le parking d'un supermarché. Longtemps, il s'est demandé si la fine technique de «Gasti» allait sortir : depuis 1993 et la faillite de l'entreprise familiale, il y avait urgence. Le grand frère a mis au pot. La soeur aussi. Pendant ce temps, David Nalbandian et Guillermo Coria menaient grand train sur le circuit aux frais de la fédération argentine. Dès 19 ans, Gaudio était suffisamment fort pour être indépendant financièrement.
C'était avant sa dépression et les matchs balanc