«Vamos campeon !», a fusé des gradins. Gaston Gaudio, vainqueur à Roland-Garros en 2004, n'entend pas. Il n'a pas entendu non plus la chanson entonnée par six supportrices lors du changement de côté. Il n'a pas vu les drapeaux argentins. Il n'est pas vraiment là. Revenu d'entre les morts (Gaudio a mené 4-0 dans le cinquième et dernier set), son adversaire espagnol, David Ferrer, s'invective : «Tu fais chier ! Arrête de mouiller ta culotte, connard !» Ferrer mène 5-4. Il s'engueule pour retrouver des jambes, juste un peu. Il regarde son coach : «Je n'en peux plus.»
De l'autre côté du filet, Gaudio est relativement on joue quand même depuis quatre heures frais. Il se déplace bien. Mais Ferrer veut gagner. Et Gaudio veut perdre. Sept fautes de pied pour l'Argentin ; un second bris de raquette (qui vaut point de pénalité) en plein tie-break du troisième set et il le perdra 7-5... Ferrer en termine (2-6, 6-4, 7-6, 5-7, 6-4) sur son service, mettant un terme à une partie où les spectateurs éberlués ont vu les joueurs perdre leur service vingt et une fois. Le campeon s'échappe du court. Pendant le match, il avait bravé l'entraîneur de Ferrer «t'inquiète, c'est moi qui passe...» , sans y mettre vraiment d'agressivité. Gaudio a aussi pris sa raquette pour une guitare. Autant dire que son esprit s'est échappé avant lui.
Fou rire. Alors, campeon ? «Je ne sais pas, je me suis stressé. Gagner le tournoi a changé beaucoup de choses pour moi. Vous savez, je me sentais beaucoup mieux