Au moment de servir pour atteindre les demi-finales de Roland-Garros (une première pour lui), Mariano Puerta est au gabarit de son bras gauche. Depuis plus de trois heures, l'homme de Cordoba (26 ans, 37e mondial) et Guillermo Canas (28 ans, 10e) offrent une formidable partie avec des moments de bravoure tennistique dedans. Il était tout à la fois question de suprématie argentine (le gagnant restant le dernier en lice). D'honneur pour Puerta, suspendu neuf mois en 2003 pour un contrôle positif (1), qui lui a collé une réputation d'autant plus tenace qu'il se déclare obsédé par sa condition physique. De réputation, pour un Canas censé être intouchable dans ces matchs où l'oxygène finit par manquer, où la victoire sourit finalement à celui qui est capable de jouer plus longtemps que l'autre en apnée.
Sur terre battue, particulièrement à Roland-Garros (une sorte de championnat d'Argentine qui serait retransmis en mondovision), un match entre deux Argentins peut virer au cauchemar. Celui-là a tourné au sensationnel, notamment dans son dernier set incroyable d'intensité. Parce qu'hier chacun de ces deux gars-là, qui se croisent sur les terrains depuis qu'ils sont mômes, a potentialisé les qualités de l'autre. Pour battre Canas (qui dit que sa surface de prédilection est le ciment), il fallait un énorme Puerta (qui n'a mis que de la terre battue sous ses semelles cette saison). Pour dominer Puerta, un immense Canas était demandé sur le court. Puerta frappait chaque balle comme si s