Contrairement à ce que l'écho médiatique en dit, Mary Pierce et Justine Henin-Hardenne ne seront pas seules à disputer les demi-finales aujourd'hui. Il en fallait deux autres, elles sont russes ; mais ne comptent pas parmi celles qui ont gagné un titre du grand chelem en 2004. Ces deux-là n'ont pas tant survécu à la quinzaine qu'au darwinisme féroce auquel sont soumises les joueuses de leur pays. Après avoir expédié la sensation serbe Ana Ivanovic mardi, Nadia Petrova remarquait : «Ivanovic mesure une tête de plus que la plupart d'entre nous, cela lui donne plus de force au service.» La grande oubliée du tennis russe, actuelle 7e mondiale, a un oeil de maquignon. Mais il lui faut exister sur la même planète que Sharapova, la femme qui valait 25 millions de dollars et pour qui Motorola organise des petites sauteries à 600 invités en Floride.
Petrova s'exprime d'une voix blanche, un brin désabusée. Elle ne donne pas grand-chose d'elle-même. «Je joue pour mon tennis, pour moi, pour ma famille.» Quand elle s'est blessée au pied en 2002 (neuf mois sur le flanc), elle a eu beau se retourner, la Moscovite n'a pas vu grand monde avec elle. Un an plus tard, elle tombait sabre au clair contre Kim Clijsters en demi-finale à Roland-Garros. Petrova semble porter en elle quelque chose de la défunte Union soviétique et de ses championnes nées pour cavaler et se taire.
Elle a passé une partie de son enfance en Egypte, où son père, lanceur de marteau, et sa mère, médaillée de bronze sur 4 x 40