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Libération

La potion Jamaïque d'Asafa Powell

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publié le 16 juin 2005 à 2h37

A 1,88 m sous la toise, on ne passe pas toujours inaperçu dans la rue. Dans un stade, c'est une autre histoire. Celle du Jamaïquain Asafa Powell, 22 ans, nouveau recordman du monde du 100 mètres en 9''77 doit beaucoup à ses jambes et presque autant à l'oeil avisé de son compatriote Stephen Francis.

A la mi-mars 2001, l'entraîneur d'athlétisme le plus connu de la grande île caraïbe a pris place, comme 30 000 autres personnes, dans le National Stadium de Kingston pour l'édition annuelle des «VMBS Boys and Girls Athletic Championships», une compétition de quatre jours créée en 1910 et ouverte aux 14-18 ans.

Départ tardif. Habitué à voir défiler les talents, le coach est impressionné par la puissance du 4e de la finale du 100 m. Powell démarre alors tout juste, et plutôt tardivement, sa carrière de sprinter. L'année précédente, le spectacle d'un certain Maurice Greene aux Jeux de Sydney l'a scotché devant la télé. Les jeunes Jamaïquains s'extasient facilement sur les mirages de la société américaine. Pour le pire : la dope, les gangs, la violence, omniprésente dans l'île. Ou le relativement meilleur : le sport et les études, souvent couplés. «Les universités américaines font depuis longtemps leur marché sur place. Presque tous les bons éléments partent. Ils ne rêvent que de ça», explique Gilles Bertrand, auteur d'un ouvrage documenté sur le sujet (1).

Chez les Powell, comme dans beaucoup de familles jamaïquaines, l'athlétisme occupe les esprits, quand ils ne sont pas tournés vers l