Courchevel envoyé spécial
Le public du Tour de France manifeste généralement autant d'enthousiasme pour les héros vainqueurs qu'il a de compassion pour les héros vaincus. Hier, aux alentours de la ligne d'arrivée, lieu traditionnel du paroxysme populaire pour l'épreuve, il en était tout autrement. Peu de monde s'était déplacé à l'altiport (2 000 m), au milieu de nulle part, préférant l'urbanité des bourgs un peu plus bas (1 650 m et 1 800 m), qui bénéficiaient par ailleurs d'un peu plus de chaleur. A se demander quelles raisons ont poussé les organisateurs à fixer l'arrivée en un lieu inhospitalier où il y avait pratiquement autant de journalistes, photographes, cameramen et personnel du service d'ordre que de spectateurs.
Les courageux qui ont fait le déplacement n'ont donc tenu qu'à moitié le rôle qui leur est dévolu chaque jour que le Tour fait. Applaudissant l'accélération ultime de Lance Armstrong, l'oeil rivé sur l'écran géant ; puis, le regard tendu vers le podium, l'ovationnant un peu plus tard recevant «son» maillot jaune. Alejandro Valverde, le vainqueur désigné, eut droit à presque autant de ferveur.
Mais quelques «gueules cassées» de cette première étape alpestre auraient mérité un peu plus de réconfort populaire. Il n'y avait pratiquement plus personne trente-huit minutes après l'arrivée d'Armstrong lorsque le dernier grupetto (nom donné au peloton de coureurs distancés dans les étapes de montagne, qui s'entraident pour ne pas arriver hors délai) d'une cinquantaine