Barcelone envoyé spécial
Son père, ancien novillero du côté d'Alicante, est maçon et lui regarde du côté de la tauromachie de Rafael de Paula et de José Tomás. Serafin Marín, 22 ans, matador catalan né à Montcada y Reixac, toréait dimanche à Barcelone. Etre torero et catalan est désormais une anomalie. Dès la fin des années 80, Angel Leria, autre anomalie, natif d'Esplugas de Llobregat, se plaignait d'une double marginalisation : «Nous sommes très fiers d'être catalans, mais les Catalans nous méprisent parce que nous sommes toreros, et le monde des toros parce que nous sommes catalans.» Leria, mais aussi Manolo Porcel, torero d'El Prat de Llobregat, se faisaient passer pour des Andalous de Grenade ou de Jaen lorsqu'ils toréaient hors de Catalogne. A ses débuts, Serafín Marín a subi la même discrimination. Dans les patios de caballos, on l'accueillait par un «regarde, le Catalan arrive. Que vient foutre là un Catalan s'il n'y a pas d'aficion en Catalogne ?»
Aujourd'hui, Serafín Marín est un des tout premiers toreros de sa génération. Il a coupé des oreilles là où ça compte : à Madrid, Séville, Bilbao, Pampelune et, évidemment, Barcelone. Après un succès à Séville, Antonio Lorca écrivait dans El País, qu'il avait tant de sensibilité, de profondeur et d'élégance «qu'il semble être né sur les bords du Guadalquivir». Selon le programme 2004 de la feria de Logroño, ce «torero barcelonais [tenait] dans la paume de sa main la plaza de las Ventas (Madrid) pour sa quiétude et son courag