Un événement ? Oui : la première femme au-dessus des cinq mètres. Une surprise ? Non. Voilà des mois que la Russe Yelena Isinbayeva, la médaille d'or d'Athènes, flirtait avec cette hauteur symbolique, grignotant centimètre par centimètre, battant son record du monde au fil des sorties et, disait-on, de primes durement négociées par ses agents. 50 000 dollars, officiellement, à chaque fois. La question n'était donc plus : est-ce possible ? mais quand et où ? On le sait désormais : à son premier essai, vendredi soir, au meeting IAAF du Crystal Palace de Londres, une enceinte désuète que les JO 2012 balaieront au profit du nouveau stade olympique.
Une dizaine de minutes plus tôt, la perchiste de Volgograd avait encore effacé, pour la seizième fois, son précédent record en franchissant 4,96 m. Contrat rempli pour la soirée ? Certains le pensaient, persuadés que la surdouée de l'athlétisme russe, décorée par Poutine au retour d'Athènes, allait réserver cet exploit pour une manifestation, financièrement moins juteuse mais à très haute plus-value patriotique : les championnats du monde d'athlétisme, à partir du 6 août prochain à Helsinki.
Dieu Bukba. Isinbayeva n'a pas attendu : soit le bonus offert par les organisateurs anglais a été exceptionnel, soit elle s'est lassée de cette interminable progression, façon sauts de puce, alors que, de son propre aveu, elle avait déjà passé à plusieurs reprises la barre des cinq mètres à l'entraînement. Les fondus de la statistique sportive retie