A Soria, le 2 juillet, il remplaçait El Cid blessé et a coupé trois oreilles. Le 11 à Pampelune, en substitution de Gallo, blessé, il a coupé une oreille et reçu le prix de la faena la plus artistique. Jeudi 21, toujours à la place de Gallo, il a tapé dans l'oeil des aficionados de Mont-de-Marsan. Bilan de son dimanche à Santander : une oreille. Salvador Cortes, 24 ans, fait des extras. Normal. Il y a peu, il était garçon de café chez lui à Mairena del Aljarafe, près de Séville. Il servait la tapita d'anchois au vinaigre et le café templaito, avec une larme de lait. Entre deux calamars frits, il coupait les oreilles aux novillos dans la Maestranza de Séville et aussi aux Miuras, à Carcassonne. Que Salvador Cortes, torero indépendant, en soit réduit à jouer les remplaçants, condamne le protectionnisme de la stupide programmation taurine trustée par deux ou trois grosses écuries qui pratiquent l'échangisme exclusif de leurs poulains.
Pas de contrat. Pourtant, le 11 avril au soir, Salvador Cortes, qui venait de prendre l'alternative à Séville, pouvait penser avoir fait le plus dur : couper deux oreilles au magnifique toro Gamberro de Nuñez del Cuvillo. Dans le ciel d'aquarelle de Séville, où il pouvait lire un avenir en rose, les martinets répandaient sa gloire en s'égosillant avec des cris de tapettes. Sans passer se déshabiller à son hôtel, Salvador filera embrasser sa mère Salvadora à Mairena. Avec une tauromachie vertueuse, épanouie et lente, il venait de toréer Gamberro de