Comme chez les gens de très bonne compagnie, son indéfectible gentillesse s'accommodait d'une grande discrétion. Elle se montrait surprise lorsque des plus jeunes la reconnaissaient, lui demandant une signature sur un bout de papier, ou bien la regardaient avec envie, leurs rêves adolescents perdus sur un podium olympique. L'autographe, jamais refusé, s'accompagnait d'un doux encouragement à persister. Telle était «madame Besson». Le passé s'impose, violemment, car Colette Besson est décédée hier à La Rochelle (Charente-Maritime), victime du cancer.
Sa vie s'est achevée tout près de là où elle avait commencé, il y a seulement 59 ans, à Saint-Georges-de-Didonne où les installations sportives de la petite station balnéaire portent désormais son nom. Un nom gravé dans l'or olympique à Mexico en 1968, à l'issue d'un 400 m de folie, d'énergie pure et de rage de vaincre sur la cendrée du stade Aztèque, avalé en 52''03. Ses larmes entreront dans l'histoire. L'année suivante, elle détiendra le record du monde (50''49), conjointement avec sa compatriote, amie et grande rivale, Nicole Duclos. Leur duel sera aussi épique que les Jazy-Bernard de son enfance. Elle chaussera les pointes jusqu'en 1977. Femme de coeur et de rigueur, la championne du tour de piste avait été nommée, début 2002, présidente du conseil d'administration du Laboratoire national de dépistage du dopage à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).
La mort de Colette Besson a touché au plus profond, aussi loin que ses exploits