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Libération
Critique

Haute couture pour l'étoffe des toreros

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La corrida goyesque d'Arles n'a pas été à la hauteur du décor imaginé par Christian Lacroix.
publié le 15 septembre 2005 à 3h42

Arles envoyé spécial

Il y avait du beau monde sérigraphique samedi dans la contre-piste d'Arles pour la corrida goyesque. Maria Callas, le chef indien Jacob White Eyes, deux majas sous une ombrelle venues de la Prairie de San Isidro, le tableau de Goya, un Botticelli, Angel Vernet, une reine d'Arles, des Arlésiennes du XIIIe siècle, dont une coiffée «à la chanoinesse», des messieurs en chapeau-cravate sortis de l'album de famille de Christian Lacroix, etc. Le couturier avait décoré les arènes de sa ville natale d'une banderole où s'inscrivait son «public rêvé». Le motif brodé d'une robe de mariée rouge, portée par Madonna et inspirée d'une cape de paseo de torero, emplissait aussi la piste de ses figures. Les galops des toros étaient chargés de l'effacer peu à peu sous le textile de leur bravoure, et les toreros sous les arabesques géométriques de la tauromachie qui est un art de la boucle.

Toile satinée. Malheureusement, les toros sans race de Pérez-Tabernero ont effiloché la corrida. Ils étaient faibles, ils se sont peu à peu éteints après la pique pour n'offrir que des charges mesquines et grossières. On peut d'autant plus le regretter que Morante de la Puebla avait visiblement très envie de «bordar el toreo» («broder le toreo»). Il pourra juste distiller de la droite quelques échantillons somptueux de son art devant le médiocre Dulzón. Puis, avec sa cape élégiaque et ses façons de jonc, il montera en neige, face au maussade Alegria, deux bellissimes chicuelinas sous le reg