Une neuvième place aura donc suffi au Suisse Thomas Lüthi pour entrer dans le cercle très fermé des champions du monde, offrant à son pays le premier titre 125 depuis Luigi Taveri en 1966 et couvrant de paillettes la moto suisse. La dernière fois que les lauriers étaient sortis, c'était en 1989, avec Jacques Cornu. Malgré la victoire du Finlandais Mika Kallio, son plus fervent rival pour la couronne mondiale, Thomas Lüthi a pu boucler ses derniers tours en solitaire, sans prendre le risque de heurter un autre pilote et de tout mettre par terre.
Pour un pays qui n'a pas de championnat national, cet exploit est de taille. A 19 ans, Lüthi vient de réaliser une partie de son rêve. Un rêve né à Linden, un village de l'Emmental dans le comté de Berne, fidèle à tout ce que la Suisse rurale peut représenter.
Poulain. Tout jeune, Tom ne rêvait que de moteurs. Le tracteur familial était sa seule passion, si bien que lorsque l'occasion de faire des courses s'est présentée, Lüthi a rangé ses livres de classes dans son pupitre pour se dédier à un sport qui le démangeait. Sylvia, la mère, et Hans Ueli, son père, peuvent aujourd'hui être fiers du résultat, eux qui, longtemps, se sont montrés réticents à le voir tout abandonner pour la compétition moto.
A ce moment-là, Tom n'a que 10 ans et s'essaie sur la pocket bike d'un ami. A 15 ans, il brille au championnat d'Allemagne. Daniel Epp, un homme d'affaire bâlois grand détecteur de talents, se rend sur place en 2002 pour en avoir le coeur net.