Frédéric Le Peutrec, 40 ans, et son coskipper Yann Guichard, 31 ans, viennent tous les deux de la voile olympique. Leur multicoque
Gitana-11 était septième hier à 18 heures.
«Comment écrire, penché à sa table à cartes, que dix-sept heures après avoir quitté Le Havre nous nous sommes arrêtés à Camaret pour réparer ? Oh ! pas bien longtemps : 56 minutes. Le temps que l'équipe accourue s'y colle et d'avaler le plat du jour. C'était steak et riz. Notre écoute de grand-voile menaçait de se rompre. On est reparti. Mais combien de milles abandonnés sur la tête de la course ? Quitter la terre, c'est se projeter vers cet ailleurs tropical qui nous attendait dans quinze jours. Avec ce coup du sort, il sera difficile de prétendre que la compétition au large n'est pas une course aventureuse. La situation dans laquelle nous nous trouvons, Yann et moi, me fait penser à celle qui fut la mienne dans la dernière Route du rhum. A la différence toutefois qu'on reprend la mer. Ecrire me tourmentait un peu, je dois dire. Vais-je savoir ? Je le fais bien à terre, après tout. Le marin qui se sent «sec» devant son clavier pourrait être un truc assez drôle si ce qui nous attendait la nuit dernière n'était pas si brutal. Courir vers la dérouillée, au fond, ça se résume un peu à ça, non ? Le journal de bord de «l'interruption» qui sera suivi demain par le journal de «la grande brassée». Bah ! je me suis dit, t'as bien accepté, maintenant faut y aller (rires). Ecrire, c'est faire «le pas de côté» pour ra