C'était le 27 janvier 1994. Manchester, la ville, United, le club, enterraient, comme savent le faire les Anglais, Matt Busby, entraîneur mythique d'une période mythique. Celle du crash d'avion à Munich, de la victoire en Coupe d'Europe. On est en 1968 et les stars de Man-U s'appellent Bobby Charlton, Denis Law et bien sûr George Best. J'étais là, devant le stade d'Old Trafford, à regarder le corbillard passer, encadré par quatre Bentley noires, une nouvelle fois sidéré par ma propre émotion devant cette foule épaisse comme une bière brune, triste comme un thé sans lait, touchante comme une grand-mère anglaise. Devant ces briques rouges, noircies par l'industrie, foncées par le crachin.
George Best, évidemment, est là. Mais où ? L'hommage à Matt Busby rendu (Libération du 31 janvier 1994), je n'ai qu'une obsession : rencontrer cette étoile filante en rouge et blanc. En surimpression de ce désir, ce maillot de Man-U porté sur le terrain de mon enfance. Le staff du club me refuse l'accès aux salons où se retrouvent la famille, les amis, les anciens joueurs... En fin de journée, je déniche l'hôtel où s'est installé Best. Il me donne rendez-vous pour le lendemain matin, pour un petit déjeuner. A l'heure dite, l'hôtesse à l'accueil téléphone dans sa chambre. Manifestement, elle le réveille. Il promet de descendre. Quand il arrive, à peine douché, il s'excuse. Couché tard, très tôt plutôt. Et pas frais. Fidèle à sa réputation d'enfant terrible. Je n'arrive pas à dépasser le simple