L'architecte franco-argentin Juan Kouyoumdjian, 34 ans, a dessiné les deux monocoques actuellement en tête de la flotte de la Volvo Ocean Race, tour du monde en équipage : ABN-Amro 1 et 2. Les premiers bateaux sont attendus demain au Cap, terme de la première étape.
Qu'a exigé le sponsor quand il vous a demandé de dessiner ces bateaux ?
Le cahier des charges était de concevoir un bateau qui correspondait à la nouvelle jauge Volvo 70 pieds (22 m). La limite était fixée par le budget alloué par le sponsor. Ma philosophie a été de tout remettre en question. Ce projet nous a donné les moyens de partir de la feuille blanche. C'est un vrai luxe dans le métier. 25 millions pour deux bateaux, c'est l'enveloppe globale du projet pour ce tour du monde, mais hors enveloppe marketing, tout aussi importante. Dans ces 25 millions d'euros, le budget conception a été, lui, de 1 million d'euros.
Comment avez-vous procédé ?
On a dessiné un base boat qui est la conclusion d'un certain nombre de recherches. Ce premier dessin représentait aussi la somme de nos intuitions. C'est presque une approche non scientifique du métier d'architecte. A partir de là, on repart sur d'autres axes de recherche, que l'on validera ou non, mais toujours à partir de notre première référence. Ce «bateau référence» n'était pas éloigné de celui sur lequel naviguent Sebastien Josse et son équipage, que j'appelle le «blanc» (ABN-Amro 2) en opposition avec le «noir» (ABN-Amro 1), plus large et plus stable, plus raide que son