Auxerre envoyé spécial
On file en Bourgogne comme ça, innocemment, pour en savoir plus long sur le secret le mieux gardé du coin : la tradition technique du milieu de terrain de l'AJ Auxerre. Cette survivance qui, contrairement à ce qui s'est passé partout ailleurs, a traversé les modes et les systèmes sans perdre une plume. Là, on tombe sur Jacques Santini, excellent entraîneur de l'actuel deuxième de Ligue 1, qui réceptionnera Nancy samedi : «Je ne parle pas.» Santini met un pied dehors. Il va vous planter. A l'arraché : «Comment s'y prend-on pour faire courir parce qu'ils courent des joueurs qui préfèrent à ce point toucher le ballon ?» Un sourire effrayé, une méfiance infinie : «Ah ça ! On se lève un matin et puis on se dit : tiens, allez, aujourd'hui on se replace sitôt le ballon perdu.»
«Comme on peut.» L'ancien sélectionneur des Bleus (2002-2004) est écoeuré. Des médias qui le jugent, peut-être même des questions qu'on lui pose. Le temps d'entendre Santini qualifier de «connerie» l'antienne matraquée par son homologue lyonnais Gérard Houllier sur la gestion des «temps forts» (l'équipe pousse) et «temps faible» (elle se replie pour souffler), on s'en va voir Fabien Cool, gardien de but, vingt ans au club. «Certaines équipes gèrent leurs efforts, d'autres font comme elles peuvent. En France, à part Lyon et ses quinze internationaux, tout le monde fait comme il peut.»
Il y a donc une part de réaction, de respiration, dans le travail de dentellière des milieux ajaïstes,