Grenoble correspondance
Deux des meilleurs alpinistes français sont actuellement engagés dans d'ambitieux solos hivernaux, la forme la plus exigeante, moralement comme physiquement, de l'alpinisme. Lionel Daudet tente, depuis mardi, la première ascension hivernale solitaire d'une voie de l'Eigernordwand, la légendaire et meurtrière face nord de l'Eiger (3 970 m, Suisse). Jean-Christophe Lafaille est depuis une semaine sur la voie normale d'un des quatorze géants himalayens de plus de 8 000 m, le Makalu (8 463 m, Népal), qu'il veut gravir sans bouteille d'oxygène.
Ampleur. Les deux hommes s'apprêtent à passer, au moins, toute la fin d'année seuls sur leurs montagnes, dans des conditions de froid terribles, à jongler avec une météo traditionnellement délicate, dans les Alpes comme en Himalaya. Autre similitude, tous deux ne conçoivent leur ascension que comme l'une des étapes de réalisations d'ampleur : la trilogie alpine hivernale et solitaire pour l'un, le challenge des quatorze 8 000 sans oxygène pour l'autre.
Les difficultés qu'ils devront surmonter dans les jours qui viennent sont très différentes. Lionel Daudet sera confronté à des passages d'escalade hypertechniques, sur une paroi parfois surplombante et verglacée. Le principal défi de Jean-Christophe Lafaille sera de surmonter les vents et les températures extrêmes de la très haute altitude, ainsi que le harassant travail de trace dans la neige, en état d'hypoxie.
Dans son bivouac installé dans une grotte de glace au pied