Que faisiez-vous le 8 juillet 1982 à 23 heures ? Cette question, Pierre-Louis Basse l'a posée à presque tous les gens qu'il connaît. A Libération, la réponse, vingt-trois ans plus tard, n'avait pas pris une ride : «Après le match et le bouclage du journal, notre petit groupe a déambulé hagard dans les rues autour du Sacré-Coeur, shootant à tour de rôle dans une canette de bière, pour finir la nuit dans un bar de la place Pigalle.»
Séville 82 fut un «drame» vécu par des millions de Français, les tripes collées à la télévision. Un scénario inoubliable qui plongea les supporters des Bleus dans un désarroi sans précédent. Une triste défaite (aux tirs au but) en demi-finale de Coupe du monde de football contre une Allemagne, encore labellisée RFA. Une élimination qui allait saigner à blanc toute une génération, frappée par un fort sentiment d'injustice.
Pierre-Louis Basse, écrivain, journaliste au service des sports d'Europe 1, a voulu revivre ce Trafalgar du Mundial espagnol, à l'aide de souvenirs de spectateurs/témoins ou d'acteurs/joueurs rencontrés une fois la passion dissipée. Autant de récits qui viennent compléter un tableau «surréaliste». Fils de communiste élevé au son de l'Internationale dans la banlieue parisienne, Pierre-Louis Basse refait tout son parcours d'Epinay-sur-Orge à l'époque, jusqu'à Saint-Ouen de nos jours. Il nous fait revivre ce «cauchemar» avec la volonté de décrypter la symbolique d'une telle rencontre entre la France et l'Allemagne, rivalité jamais vrai