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Libération

Manolete, légende et fiction

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Un livre et un projet de film autour du calife de Cordoue coïncident avec les 60 ans de ses débuts au Mexique.
publié le 29 décembre 2005 à 5h10

Nous revenons comme des ombres. Dans le dernier polar du Mexicain Paco Ignacio Taibo II, Manolete, Hemingway, Hitler et autres se carambolent dans Mexico menacé par un complot nazi. Le titre tombe au petit poil. Au moment où l'Espagne déterre son passé en ouvrant les fosses communes de la guerre civile, l'ombre de Manolete revient dans l'actualité à travers un anniversaire, un film et une biographie.

L'anniversaire est celui de sa présentation à Mexico, le 9 décembre 1945. Toutes les places des arènes ont été enlevées depuis plusieurs jours, on se bagarre à l'entrée et tout le Mexique est suspendu aux postes de radio qui diffusent la corrida. Une émeute l'a accueilli à l'aéroport, et l'hôtel Reforma, où il loge, sera assiégé par ses admirateurs. Sur le bateau qui le menait d'abord à La Havane, Manolete avait confessé un pressentiment : «Je pense qu'un toro, un jour, me tuera.» Le 9 décembre, les 35 000 harengs serrés dans la Plaza el Toreo le saluent d'abord par un «olé !» colossal. Gitano, toro de Torrecilla, sort et Manolete, droit, immobile, hiératique, majestueux, renvoie au Mexique la pleine réponse à la formidable attente qu'il avait suscitée autour de son incandescente tauromachie de marbre. Il coupe une oreille et la queue et fait trois tours de piste. Cachorro, son second toro, va l'encorner dans la cuisse. Le journal Excelsior écrira qu'on n'avait jamais vu un homme toréer «avec autant de naturel, de classicisme, de sûreté, d'aguante, de profondeur et de vérité».

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