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Libération
Interview

«Refuser la marchandisation totale du sportif»

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publié le 7 janvier 2006 à 20h00

L'avocate Sophie Dion, responsable du diplôme de droit du sport de la Sorbonne, revient sur les transformations du monde sportif qui ont conduit à sa judiciarisation.

Peut-on dater l'irruption du juridique dans le sport ?

Certains la datent en 1995 avec l'arrêt Bosman (décision de la Cour de justice européenne bouleversant le système des transferts dans le sport, ndlr). Mais le phénomène est plus ancien. Il est apparu quand l'argent a afflué dans un sport qui s'est professionnalisé et mondialisé, ce qui a généré des conflits. Avec l'arrêt Bosman, le sport a été considéré comme une activité comme les autres, donc le droit avait son mot à dire. Un sportif professionnel est aujourd'hui devenu une petite entreprise à lui tout seul, et fait vivre un certain nombre de personnes : sponsors, agents, avocats, conseillers, autant d'intermédiaires qui peuvent le pousser à intenter des actions en justice. Le vrai défi aujourd'hui ­ on le voit avec l'avis rendu par la Commission européenne en décembre enjoignant à la France de lever l'interdiction de la cotation des clubs en Bourse ­, c'est de savoir si le sport doit être assimilé à une activité économique comme les autres, ou si l'on doit préserver une certaine spécificité.

Un sportif est-il un salarié comme les autres ?

Le problème pour un sportif, c'est qu'il ne doit pas devenir un objet du droit, mais rester un sujet du droit comme vous et moi. Une affaire de transfert a ainsi montré qu'il pouvait être considéré comme une marchandise. S'