Wengen envoyé spécial
L'épreuve de Wengen, inscrite au programme de la Coupe du monde depuis 1930, se déroule d'une part dans le cadre d'un exceptionnel joyau de l'alpinisme suisse avec l'Eiger (3 970 m), le Mönch (4 099 m) et la Jungfraü (4 158 m). D'autre part, la descente du Lauberhorn est au ski alpin ce qu'est le circuit de Monaco à la Formule 1. Cette piste naturelle redoutée pour sa longueur (4 450 m), ses sauts et ses passages étroits reprend chaque année son caractère indomptable. «Il y a dix descentes de Coupe du monde par saison. Wengen est la seule à ne pas satisfaire parfaitement toutes les règles de sécurité. Comme si on lui pardonnait tout.» Celui qui parle ainsi est Karl Molitor, six fois vainqueur de ce déboulé diabolique. Aujourd'hui âgé de 86 ans, il contemple d'un peu plus loin les exploits des athlètes d'aujourd'hui.
Petit train. Assis dans le fond de son magasin de sport situé sur la rue principale de la station reliée au monde du bruit par un train à crémaillère, Karl fouille dans ses souvenirs : «C'est une piste que le bon Dieu a faite. Pas eu besoin de bulldozers pour la tracer. C'est sans doute ça qui la rend unique.» Pour Karl Molitor, ce qui a rendu praticable la piste du Lauberhorn avant d'autres, c'est la présence de ce petit train qui se perd dans les neiges éternelles : «Il existe depuis cent huit ans, il a toujours emmené les skieurs tout là-haut pour qu'ils puissent redescendre à skis. Dans la plupart des autres stations, il fallait monter à p