Le Dakar a-t-il intégré un pourcentage de pertes tolérable, morts de concurrents ou de spectateurs, qui le rend aveugle et sourd à toute remise en cause ? Le décès d'un enfant de 14 ans samedi au Sénégal, au lendemain de celle d'un garçonnet d'une dizaine d'années en Guinée s'ajoutant à celle d'un concurrent moto le 9 janvier , a certes ému les responsables du rallye... mais la simple décision de ne pas chronométrer l'ultime étape d'hier est pour le moins dérisoire. Tout comme les propos de Luc Alphand, le vainqueur auto, dans le Journal du dimanche hier : «Même s'il faut avoir une pensée pour tout ce qui s'est passé, ça ne va pas gâcher ce que je ressens, ce que j'ai accompli.»
Ce décès est le 48e (dont 17 spectateurs) depuis la création du rallye, en 1978. Aucune épreuve sportive au monde ne survivrait à une telle hécatombe. Alors, pourquoi le Dakar ? Entre autres, parce que l'épreuve représente une manne substantielle pour les pays traversés, qui comptent parmi les plus pauvres du monde. Le directeur général délégué de l'organisateur, Amaury Sports Organisation (ASO), Gilbert Isern, a confirmé dans l'Equipe (groupe Amaury) d'hier : «Bien sûr nous sommes tristes (...) mais il ne faut pas non plus tirer des conclusions hâtives quant au rallye (...). Ces pays d'Afrique noire nous attendent chaque année...»
Le Dakar vient, une fois de plus, de donner du grain à moudre à ses opposants. Mais, à n'en pas douter, il survivra et, en 2007, son armada sillonnera à nouveau les piste